Dans la vie de Maryline Perenet, la tech a toujours été un fil rouge. Elle passe de simple utilisatrice à actrice de services numériques. Elle souhaite aujourd’hui éclairer les consciences face au digital et rendre les enfants acteurs face aux écrans.
Maryline, que faisais-tu avant Digit’Owl ?
Maryline Perenet : J’ai eu 1000 vies ! J’ai commencé ma carrière à 23 ans en créant une étude d’administrateur judiciaire à Lyon. Je co-dirigeais des entreprises en difficultés. Et la première entreprise que j’ai accompagnée était dans la tech !! Infogrames! après cette expérience passionnante, j’ai très vite eu envie de monter ma propre boite mais je ne me sentais pas légitime. Je n’avais pas fait d’école de commerce et je me disais qu’il me manquait des compétences.
Qu’as-tu décidé de faire alors ?
Maryline Perenet : Je rêvais de faire de la fusion-acquisition mais je ne parlais pas assez bien anglais. Alors je suis partie vivre à New-York un an. Puis j’ai décidé de partir à San Francisco pendant 2 mois. Et là-bas, j’ai eu des étoiles plein les yeux.
On est en 2004, il y a une ambiance incroyable dans la Silicon Valley, il y a de l’innovation partout. C’est l’eldorado ! Je réalise que je veux vraiment être dans cet environnement entrepreneurial et innovant. Mais je sais que ça va être un long chemin.
Tu rentres en France ?
Maryline Perenet : Oui, je suis de retour à Paris, et je suis recrutée par un grand cabinet d’audit Mazars. Je manage une équipe de financiers sur des dossiers de M&A en Europe.
Après 3 ans, j’ai très envie de travailler dans un groupe plus industriel.
En 2007, Je suis recrutée par Jean-Luc PetitHuguenin, Président de Paprec, que j’accompagne durant 7 ans. Je suis en charge de l’IPO puis de la levée de fonds du groupe, et sa croissance externe passant de 80 Mdeuros de CA à plus d’un milliard ….
Durant cette période, enceinte de mon fils, je me passionne pour l’éducation. Je lis tout sur Maria Montessori, sur les pédagogies alternatives. J’ai alors envie de créer une école Montessori mais en 2011, j’étais vue comme une extraterrestre quand je mentionnais une telle idée. Et les « EdTech » n’existaient pas encore.
En 2012, je donne naissance à ma fille Carla et je décide de faire une pause et de reprendre une inspiration sur les business model dans l’éducation à venir.
Je décide de partir 6 mois faire un tour en Europe et aux Etats-Unis avec mes enfants pour découvrir ce qui se fait en matière d’éducation, d’innovation.
Que découvres-tu pendant ce voyage ?
Maryline Perenet : Je m’aperçois qu’à New York il existe plusieurs écoles alternatives, qu’il existe des cours de coding aux USA et à Londres et qu’en France, on n’en a pas.
L’idée commence à germer.
En rentrant, je me demande si je lance une école ou une market place dédiée aux produits Montessori… Et puis l’idée des cours de coding revient mais j’aboutis à la conclusion que « non ». Je trouve ça trop « geek », pas assez inclusif, je ne vois pas de business model possible. Et puis, selon moi, il me manque encore une compétence à valider : le commercial.
Que fais-tu pour valider cette compétence ?
Maryline Perenet : Je suis alors recrutée par un cabinet de conseils et de services , et je découvre ce qu’est un cycle de prospection, un lead, un argumentaire commercial… et comment en partant de zéro, on se crée un réseau, des prospects, de la marge….
Voilà, j’ai coché toutes mes cases : je suis prête à lancer ma boite ! Je repars alors prendre l’air, un week-end cette fois, à Londres. Nous sommes en 2016.
Que se passe t-il à Londres ?
Maryline Perenet : Toujours à l’affut d’innovations technologiques, je découvre un robot : Cubetto. Un petit robot en bois qui permet aux enfants d’apprendre à coder, en s’amusant, et sans écran. Je le teste avec mes petits et j’ai un déclic ! EUREKA ! Je me dis qu’il faut faire le « Montessori de la tech ».
Pourquoi le sans écran ?
Maryline Perenet : Je suis obsédée par cette question car j’ai été belle-maman avant d’être maman et j’ai vu comment l’écran pouvait s’emparer des plus jeunes, dès le collège. Ca m’a terrorisée. Je me demandais comment faire pour accompagner ces « digital native » et leurs parents face à ça. Et avec Cubetto c’est la révélation ! Je vois qu’il y a toute une pédagogie à construire pour que les enfants fassent avec leurs mains et apprennent autrement. Je connecte tout ce que j’ai lu sur Montessori, les neurosciences, les pédagogies alternatives et j’affine mon produit. Je peaufine, je lance mon site web, je cherche des mamans pour en parler… En novembre 2017, Digit’owl nait officiellement. En décembre de la même année, une école m’ouvre ses portes pour mon premier atelier.
Que veux-tu créer avec Digit’owl ?
Maryline Perenet : Mon but c’est que les enfants aient envie d’apprendre à apprendre, d’apprendre autrement, d’avoir confiance en eux. Si j’avais été accompagnée de cette façon, je n’aurais pas dû faire tout ce chemin, j’aurais entrepris plus tôt. Si des enfants ont confiance en eux, leur monde va changer, leur vie sera plus douce. Œuvrer pour cela me remplit de joie ! J’ai aussi lancé Digit’owl pour ma fille (et toutes les petites filles du monde) pour que jamais elle ne se demande si elle est capable… L’inclusion et la mixité sont essentielles pour moi, d’où l’envie de donner les ateliers dans les écoles directement. Le but de Digit’owl ce n’est pas d’enseigner la tech pour la tech ! C’est de faire des enfants des adultes éclairés, conscients de ce qu’ils voient sur un écran. Et je me dis que s’ils apprennent par leurs mains, c’est eux qui auront le dessus et pas l’inverse.