La séquence « questionner l’espace » n’est pas toujours facile à appréhender. Marion, professeure des écoles en CE2, nous livre sa façon de voir les choses et nous donne quelques astuces pour aborder cette séquence avec fun.
Se repérer dans l’espace de la classe
En CE1, la latéralisation est une notion travaillée avec les « dessus », « dessous », « à côté », « entre ». En CE2, les élèves approfondissent leur repérage dans l’espace en travaillant tout ce qui est « se repérer par rapport à ». Ils doivent trouver la gauche de quelqu’un, situer un dessin à la droite d’un autre etc. Cela demande déjà d’avoir une réflexion à deux niveaux. Ce n’est pas si simple !
Pour travailler cette notion, Marion, leur prépare un petit exercice ludique à chaque rentrée de vacances. « J’anticipe un placement. J’ai voulu combiner la lecture d’un tableau et la place de l’un par rapport aux autres », explique-t-elle. Elle affiche au tableau un plan sur lequel elle a symbolisé très basiquement les tables, les fenêtres, les portes. « Les enfants ont ainsi 3 repères principaux pour s’orienter » détaille l’institutrice. Ils se demandent donc : quelle est cette porte ? Celle du fond ? De devant…
Puis le rangement des tables se fait sous forme de tableau. La lecture d’un tableau fait d’ailleurs partie des compétences à acquérir en CE2. Ainsi, Arthur est par exemple en « B2 ». Il peut ainsi voir que Léa est en B1. Il se dit alors « je suis à coté de Léa ». Ce qui est intéressant dans cet exercice c’est que les enfants se repèrent dans un environnement général (suis-je loin des fenêtres ? proche de la porte ?) et par rapport à d’autres indices (au 2ème rang, derrière Léa…).
« C’est un exercice assez difficile » reconnaît l’institutrice, « mais dès la deuxième fois ils sont déjà bien plus à l’aise ».
Symboliser l’espace pour appréhender l’abstraction
Vous allez désormais leur faire prendre conscience de l’espace, de manière plus globale. Pour cela, il est amusant de leur faire fabriquer un plan de la classe, voire une maquette.
En 2D ou en 3D selon votre goût, vous pourrez les amener à symboliser tous les éléments de la classe. Sur une feuille, ils vont représenter la bibliothèque, l’ordinateur, le coin maths… « C’est vraiment important de les faire manipuler car c’est de cette façon que les enfants ont accès à l’abstraction », témoigne Marion.
En plus, c’est aussi un moyen de (re)-voir la géométrie s’ils symbolisent les meubles par des carrés, rectangles…
Se repérer dans un espace plus étendu
Les enfants ont abordé la notion d’espace en partant de leur classe. Vous allez désormais les emmener un peu plus loin. « Je pars toujours du vécu et des connaissances de l’enfant pour rendre les apprentissages plus concrets », explique Marion. Pour cette notion d’espace, elle affiche Google Maps au tableau et demande à un élève de montrer son trajet depuis son lieu d’habitation jusqu’à l’école, par exemple. Elle se sert aussi du petit bonhomme pour arpenter les rues et découvrir des notions de distance avec les élèves. « J’utilise aussi des photos des villes car certains enfants sont davantage visuels » précise Marion, « c’est important car cela multiplie la représentation de l’espace ». Photos, plans, tableau, cartes en papier ou cartes numériques : usez de tous les supports dont vous disposez pour toucher toutes les formes d’intelligence et offrir différentes représentations de l’espace.
Mesurer l’espace
Pour avoir une notion des distances, Marion fait manipuler les enfants, notamment la grande règle jaune d’1m. Avant cela, elle demande aux enfants d’évaluer la hauteur de la porte de la classe. Elle leur paraît tellement grande qu’ils annoncent le chiffre de 4 mètres. Mais une fois qu’ils manipulent la grande règle, qu’ils la mettent dans l’embrasure de la porte, ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas la déployer plus de deux fois. De cette façon, ils prennent conscience de ce qu’est un mètre. « Apprendre avec le corps, c’est toujours plus parlant qu’une leçon à apprendre par cœur », rappelle l’institutrice.
« Souvent, je pars de leur quotidien pour aller puiser dans ce qu’ils connaissent afin de construire ou déconstruire des idées reçues », précise-t-elle. En effet, un enfant qui habite en immeuble aura davantage conscience d’être à 10 mètres de hauteur, comparé à un élève qui habite dans une maison. Partir de leur quotidien, comme de la classe et de la règle jaune permet aussi d’avoir quelque chose de palpable. « Quand on sent un enfant fragile sur une notion c’est plus facile d’y revenir avec un outil présent dans la classe. Je peux lui faire une démonstration immédiatement qui l’aidera à ancrer la notion », témoigne Marion.
Se repérer dans l’espace… et le temps !
En CE2, les enfants doivent aussi être en mesure de se repérer dans le temps. Pour travailler cette notion, partez encore une fois de leur quotidien, de leur propre expérience. Vous pouvez par exemple demander aux élèves de répertorier des événements importants depuis de leur naissance : l’arrivée d’une petite sœur, un grand voyage, une journée dans un parc d’attraction… Poursuivez cette frise temporelle en les faisant se projeter dans le futur.
De cette façon, vous allez peu à peu faire émerger la notion de temps en demandant si cet événement a eu lieu il y a longtemps, pas longtemps… « La notion de passé, présent, futur, n’est pas du tout évidente pour tous à cet âge-là », rappelle Marion. Vous pouvez également faire des liens, à l’échelle de leur famille en disant que leurs parents ont connu l’arrivée du téléphone portable, d’internet, que leurs grands-parents, eux, ont connu l’apparition de la télévision… etc. Cela leur donne des repères palpables. C’est un travail important qui va les aider ensuite à se propulser à l’échelle de l’histoire d’un pays.
Vous l’aurez compris, même dans les séquences comme « questionner l’espace en CE2 », l’enfant doit être au cœur de son apprentissage. « Il faut lui parler son langage. Lui imposer une leçon sans se questionner ne va pas ancrer une connaissance. Pour l’ancrer, la meilleure façon est d’aller puiser dans ce qu’il connaît. C’est alors plus facile pour nous d’être juste dans ce que l’on développe et dans l’utilisation d’exemples », conclut Marion.
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